dimanche 23 novembre 2008

La bande de Gaza agonise

Article de Hassane Zerrouky, dans l’humanité


Palestine : Plusieurs enquêtes soulignent l’extrême dégradation de la situation du territoire soumis au blocus d’Israël : mortalité infantile et taux de chômage record, secteur sanitaire sinistré.


« Sauvez Gaza, sauvez la vie des enfants, sauvez notre avenir », tel est le cri d’alarme que lance Ziad Medoukh, enseignant à l’université Al-Aqsa de Gaza, qui nous a fait parvenir un constat accablant de la situation. Gaza se meurt. Ce petit bout de territoire d’à peine 360 kilomètres carrés est coupé du reste du monde, en raison du blocus imposé par Israël depuis juin 2007. Les 1,5 million d’habitants qui y vivent sont pratiquement prisonniers : ils ne peuvent pas en sortir.


Le secteur agricole réduit à néant


« La fermeture de Gaza est une punition tant physique que mentale de la population », a averti l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), dans un communiqué publié mardi. L’agence des Nations unies a indiqué que ses distributions alimentaires (blé, viande, lait en poudre et huile) à près de 750 000 Palestiniens de Gaza devront cesser ce jeudi, à moins qu’elle n’obtienne un accès au territoire occupé.


Il faut savoir que le nombre de camions de livraison de carburants, de marchandises et de produits divers nécessaires à l’activité socio-économique et sanitaire est passé d’environ 300 par jour à la veille du blocus à 45 au tout début de ce blocus, pour être quasiment nul aujourd’hui. De ce fait, la pénurie alimentaire a automatiquement entraîné une hausse des prix dans une région où le taux de mortalité infantile (30 décès pour mille, selon l’OMS) est l’un des plus élevé au monde.


Au plan économique, sur les 3 900 PME-PMI en activité en 2005, il n’en reste que 195, qui fonctionnent au ralenti. Les 960 fabriques de vêtements qui sous-traitaient quelque 5 millions de pièces à destination du marché israélien sont aujourd’hui à l’arrêt, et leurs 25 000 salariés, désormais au chômage, sont allés grossir les rangs des 80 % de sans-emploi que compte le territoire.


Durement touchée, l’agriculture (70 000 hectares), qui employait plus de 40 000 salariés (12 % de la population active), vivote. L’interdiction d’exporter les produits agricoles, occasionnant des pertes de 150 000 dollars par jour, ajoutée au manque de semences, d’engrais et d’équipements agricoles, est en train de réduire à néant ce secteur vital de l’économie.


Plus graves encore sont les conséquences sur les infrastructures, la santé, l’éducation et plus généralement la vie quotidienne des habitants de la bande de Gaza. En matière de construction, tous les projets inscrits dans le cadre du programme des Nations unies - aménagement du réseau routier et des rues des villes et des villages, de la voirie, construction d’universités et d’hôpitaux d’une valeur de 350 millions de dollars, sont à l’arrêt. La pénurie de médicaments risque de concerner plus de 160 types de produits dans les prochains jours, rapporte une étude du ministère de la Santé palestinien.


Faute de pièces de rechange, 90 appareils médicaux sont en panne. En outre, selon l’OMS, l’armée israélienne a interdit la sortie à 1 150 malades, dont 210 dans un état préoccupant, pour aller se soigner en Égypte ou en Jordanie, voire ailleurs. Faute de soins à l’étranger, 259 malades sont décédés depuis juin 2007. À quoi s’ajoute, selon un rapport de l’OMS, le fait que « les traumatismes psychologiques et le stress connaissent des niveaux élevés, surtout chez les enfants et les jeunes adultes ».


Centrales électriques à l’arrêt


En outre, la pénurie de carburant, qui entraîne de fréquents arrêts des centrales électriques encore en service, n’est pas sans conséquences sur le fonctionnement de secteurs vitaux en matière d’hygiène de vie et de santé : il en est ainsi des services d’adduction d’eau, des stations d’épuration des eaux usées, du traitement des déchets, et plus généralement du ramassage des ordures ; faute de carburants et de pièces de rechange, plus de 50 % du parc des véhicules de la ville de Gaza sont à l’arrêt, et les ordures s’amoncellent à vue d’oeil dans les rues de Gaza et des autres localités.

Situation dramatique en République Démocratique du Congo

Publié dans la Tribune des droits humains:


Depuis le mois d’août, le conflit au Nord Kivu entre les Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) et les troupes du général rebelle Laurent Nkunda du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) s’est intensifié et s’accompagne de violations graves et massives des droits de l’Homme constitutives de crimes internationaux réprimés par la Cour pénale internationale (CPI).


Une forte inquiétude de la situation qui prévaut actuellement dans la capitale du Nord-Kivu, Goma, où face à l’avancée des rebelles du CNDP, des éléments en fuite des FARDC se livreraient à des actes de pillages, des exécutions sommaires et des viols à l’encontre des populations civiles de la ville et de ses alentours. L’insécurité et la confusion seraient accentuées par la présence de soldats de la Garde républicaine envoyés pour réprimer le comportement des FARDC et qui se livreraient eux-mêmes à des exactions. Ainsi une dizaine de soldats des FARDC auraient été abattus par la Garde républicaine. De leur côté, les éléments du CNDP tout en conservant leurs positions en dehors de la ville dans l’attente de l’ouverture de négociations avec le pouvoir de Kinshasa, se livreraient aussi à des exactions dans les territoires sous leur contrôle, notamment le pillage des camps de déplacés de guerre de Kibati et Rutchuru.


Face à l’imminence de la reprise des combats et des exactions qui les accompagnent, les forces de la Mission des Nations unies en RDC (MONUC) sont manifestement dans l’incapacité d’assumer pleinement leur rôle de protection des populations civiles, limitées en cela par un mandat qui les autorise à utiliser la force pour combattre les bandes armées mais uniquement en appui aux FARDC.


Des manifestations et des heurts, attisés par des politiciens, se sont d’ailleurs déroulés dans des villes de l’Est de la RDC contre la présence de la MONUC qui est accusée d’être incapable d’assurer la protection des populations, voire de ne pas vouloir le faire. Ainsi, dans la ville de Goma le 27 octobre 2008, la population s’est attaquée au personnel et aux installations de la Monuc. A Kisangani, des groupes de jeunes gens armés, en toute connaissance des autorités, ont manifesté en s’attaquant également aux forces de la MONUC. Certains d’entre eux se joignent aux forces de sécurité et de l’armée qui patrouillent en ville à la recherche d’éléments rebelles soi-disant infiltrés. Ainsi un climat de suspicion et de tension se développe où toute critique est perçue comme une trahison. Les défenseurs des droits de l’Homme qui dénoncent sans relâche les exactions de toutes les parties au conflit sont perçus comme des opposants, des « traîtres » et des « suppôts des occidentaux ». Ces accusations alimentent un peu plus les ressentiments de la population contre la MONUC, la communauté internationale et tout élément désigné comme étranger.